Histoire et patrimoine

Origine du nom de Trois Palis

Nombreuses sont les hypothèses qui furent échafaudées concernant l’origine du nom de Trois Palis.

Parmi celles-ci, quelques-unes prévalent :

Le nom de Trois-Palis pourrait venir de « palud » qui signifiait marais, à moins qu’il ne provienne de « pal » qui dénommait un pieu (au pluriel : palis), ou encore de « paillis » qui au 13° siècle désignait une couche de paille destinée à préserver l’humidité du sol.

Cependant, dans les veilles chartes, Trois-Palis apparaît sous le nom de « Tribus-Palis ».

« Tribus-Palis », à moins que ce ne soit aux origines « Ter-Palis », pourrait évoquer des pieux  qui (au nombre de trois) signalaient un gué pour traverser la Charente à l’emplacement actuel de l’écluse de la motte. Selon une transmission orale datant de l’écuyer Nogerée demeurant au 16° siècle à la Breuillerie, et perpétuée jusqu’à nos jours par le sieur de Rochecorail puis par Antoine Lambert (autrefois maire de Trois-Palis), l’équipage qui attachait sa monture le premier à l’aube était exonéré du droit de péage ; privilège accordé par Marguerite d’Angoulême qui l’avait obtenu de son frère François I.

On retrouve ce même privilège accordé par Henri IV au passage du gué sur l’Adour à Pau. Or en béarnais pieu se dit pau !

D’après l’ancien maire de Trois-Palis M. Bertrand, la tradition voudrait que, sur l’emplacement de l’église, ait existé un temple dédié à la déesse Pallas ; déesse de la sagesse, de la science et de l’intelligence. Cette thèse serait confortée par trois statues de la déesse que l’architecte chrétien aurait placées sur la façade de l’église, or ces trois hauts-reliefs furent martelés à la révolution pour y graver l’inscription : « Temple de la raison ».

Histoire de Trois Palis

Extrait des notes de M. Bertrand (maire de Trois-Palis de 1937  à 1977) :

La commune de Trois-Palis est la moins étendue du canton de Hiersac (422 habitants). Contrairement à beaucoup de communes rurales elle a gardé une population stable pendant plus d’un siècle et jusqu’à l’expansion de ces vingt derniers années.

Elle est bordée au sud par la Charente et comprend un plateau calcaire qui est resté longtemps inculte après la crise du phylloxera (maladie de la vigne de la fin du siècle dernier). Elle est séparé de la commune de Sireuil par la fontaine des  Allins et de celle de Linars par la vallée de Libourdeaux. Elle est relié à la commune de Nersac par un pont sur la Charente qui fait la séparation par son milieu. En 1904, lors d’une crue, le pont a été emporté par les eaux en même temps qu’un jeune homme qui se trouvait dessus à ce moment-là. Pendant deux ans, le passage s’est effectué en bateau.

La commune possédait une fabrique de papier fait surtout de vieux chiffons, elle appartenait à M. Barnat qui fut maire de la commune jusqu’en 1925. C’est autour de cette date qu’il vendit son usine, à une société de Paris qui la fit rénover. La veille de sa mise en marche, elle fut en partie détruite par un incendie. Elle fut rachetée par les tanneries de Sireuil qui en firent un atelier et une usine hydroélectrique (une digue existant)  qui leur fournissait de l’électricité pour leur usine de Sireuil. Puis en définitive, ils la vendirent et elle continue à faire du courant électrique pour Electricité de France.

L’école a été construite vers 1860. Elle possédait une grande classe existant encore et était mixte. L’école avait cinquante cinq élèves environ. Il existait un certain nombre de famille nombreuses. La municipalité pensant que le nombre important d’élève nuisait à leur instruction normale, demanda la création d’un poste double, ce qui lui fut accordé.

La seconde classe avait été ouverte à la place de la mairie et la mairie montée à l’étage.

C’est à ce moment que la famille Hulin fit don à la commune du bâtiment servant de garage et du terrain qui permettait d’agrandir la cour. En 1940, fut construit le préau touchant le portail et les sanitaires.

En 1945, lors d’un repas organisé pour le retour des prisonniers, le maire proposa la construction d’une salle des fêtes qui porterait le nom de « foyer » (appellation légale du moment) et des douches (il n’en existait pas dans un rayon assez étendu) et demanda si les habitants étaient disposés à faire l’effort en conséquence. Ce qui fut accepté.

En 1947, le foyer était inauguré en présence du préfet, de l’inspecteur d’académie et diverses personnalités. Il était l’œuvre de tous, toutes les familles sans exception y ayant participé par leur travail et leur dons. Le terrain sur lequel il fut construit était encore le don de la famille Hulin.

Petites histoires de Trois Palis

Histoire du seigneur de…

A Trois-Palis, le 23 juin 1653, Louis de Villoutreys, écuyer, seigneur de Rochecoral fut provoqué en duel par François de Nogerée, écuyer, sieur de la Fillière, demeurant au lieu dit de la Breuillerie, paroisse de Trois-Palis. C’était veille de Saint-Jean, et des villages voisins beaucoup de paysans étaient venus «  au lieu de Rochecoral pour assister au feu que l’on avait coutume d’y faire tous les ans ». Le seigneur de Rochecoral avait aussi invité des amis, châtelains du voisinage. La fête était commencée quand Jean Blandeau, métayer du sieur de la Fillière, arriva à Rochecoral. Il n’y venait point à cause du feu de Saint-Jean. Plusieurs paysans le virent « tout effrayé, leur disant qu’il avait un billet du sieur de la Fillière son maître, pour donner au seigneur de Rochecoral, mais qu’il appréhendait d’être battu ». L’un des paysans alla prévenir le seigneur de Rochecoral qui pris le billet et commença à le lire. Survint alors un des invités, Hélie de Saint-Hermine, qui prit à son tour le billet et fit lecture de son contenu à haute voix : « Ayant appris que vous seriez d’humeur à me satisfaire si je vous marquais un lieu, je vous envoie ce billet pour vous dire que je vous attendrai demain matin, jusqes à huit heures, au grand bois entre Maillou et La Chapelle, en faisant semblant de chasser, sans aucun valet, ni personne. Et je vous le dis afin que vous en soyez averti ». Le billet, signé de La Filliére, passa de main en main et finit par rester entre celles du curé de Trois-Palis qui le rendit un peu plus tard à son auteur, « le blâmant de l’avoir écrit et signé de sa main ».

Le seigneur de Rochecoral, dés que la lecture du billet fut achevée, déclara «  tout haut qu’il ne voulait point se battre », ce qui n’empêcha pas le sieur de la Fillière de se trouver au rendez-vous fixé puisque, à des témoins qui se trouvèrent à passer, il dit « qu’il venait de se promener d’un lieu où il croyait trouver des personnes qui n’étaient pas venues ».

On ne procéda à l’audition du sieur de la Fillière que le 6 mai 1659, presque un an après l’évènement. Il « fit dénégation » de tout ce qu’on lui reprochait. Et pour essayer de se disculper, il dit que « depuis le temps, le seigneur de Rochecoral avait bu et mangé souventes fois en sa maison, au lieu de la Breuillerie, et que s’il lui avait écrit, c’était des lettres de civilité ». Il était en effet en possible que les deux se soient brouillés, réconciliés, puis à nouveau brouillés. Les juges condamnèrent le sieur de la Fillière à cause de cet appel en duel, mais lui donnèrent raison dans un autre procès que lui fit, à la même époque, le seigneur de Rochecoral à propos du logement des gens de guerre. Ils donnaient ainsi satisfaction à l’un comme à l’autre, en les ménageant tous les deux. Par contre ils ne ménagèrent guère le pauvre métayer dont le seul crime avait été de porter les lettres de son maître. Pouvait-il faire autrement ? La sentence fut rendue le 31 mai 1659. Le sieur de la Fillière fut condamné à six mois de prison. Le métayer, au lieu d’être banni de la province pour trois ans, comme le demandait le procureur du Roi, fut condamné à être « battu et fustigé de verges par l’exécuteur de la haute justice, par les carrefours d’Angoulême et marqué d’un fer chaud en forme de fleur de lys sur l’épaule droite ».

Extrait du livre « Émotions populaires en Angoumois »

Les armoiries :

A droite : armoirie de la famille De Villoutreys seigneurs de Rochecorail

Blason d’azur au chevron d’or, accompagné en chef d’un croissant entre deux étoiles d’argent et en pointe d’une rose de même.
Armorial Riestap.

A gauche : armoirie de la famille De Poirier seigneurs de la Folie.

Blason d’argent (d’or), au poirier arraché de sinople.
Sans doute, ascendant des Poirier de clisson ou Poirier de la Franchére. Grand Armoirial de Warren.

Histoire de Calvin

Au lieu dit Rochecorail, dans les rochers qui forment ce site pittoresque, sont creusé des grottes remarquables. Celles-ci étaient autrefois reliées au logis par un pont-levis qui n’existe plus. On y accède par une échelle donnant sur un large couloir circulaire qui mène à l’ancienne porte qui communiquait avec le château. On peut d’ailleurs voir sur la paroi extérieure l’emplacement des gonds et des chaînes. Non loin de cette ouverture se trouve un silo assez profond, creusé par la main de l’homme et pouvant servir de cachette. Un couvercle de planches recouvert de terre s’adaptait à l’ouverture du silo. En poursuivant on aperçoit un passage qui mène à plusieurs chambres habiter par l’homme depuis la plus haute antiquité.

Lorsque Calvin traqué de tous cotés vint se cacher à Angoulême sous le nom de Charles d’Hespeville, il se réfugia d’abord chez le curé de  Claix : Louis du Tillet dont il fit son disciple; puis sa retraite étant découverte, il vint à Rochecorail, et c’est là dit-on, qu’il écrivit son livre de « L’institution Chrétienne », où se trouve l’exposé de la réforme religieuse qui porte son nom.

Quand vint la révocation de l’édit de Nantes, des protestants, fuyant les dragonnades et les conversions forcées, imitèrent l’apôtre de la reforme ; cette caverne fut pour eux un asile. Les parois intérieures sont couvertes d’inscriptions et de dates (1698 et 1767) qui témoignent de ces fréquents séjours.

Extrait d’ « Histoire communale de Martun-Buchey 1904 »