Bilan Jazz(s) à Trois Palis / Soirs bleus 2023
« Dans ce domaine, ils ne sont pas forcément nombreux, ces rendez-vous qui sortent des sentiers battus, où l’on est à peu près sûr de ne pas retrouver les six ou huit affiches qui ont dominé les scènes de l’été. Parmi eux, pour la cinquième année consécutive, le festival Jazz (s) à Trois-Palis, porté par L’AFFICHE et le label IMR dont le batteur Bruno Tocanne est le directeur artistique (…) La musique qui s’échappe de ces concerts n’a rien de banal ou de déjà entendue. Une musique qui se joue des modes, des courants ou des valeurs « confirmées » pour s’en aller, au contraire, dénicher des formations et des artistes de haute volée, bien vivants mais trop souvent laissés de côté (…) Au-delà de ces affiches, ce festival à l’écart et qui sait cultiver sa différence vaut aussi pour son ambiance, sa faculté de réunir des spectateurs y compris venus parfois de loin pour goûter à ces musiques innovantes d’aujourd’hui (…) Miser avant tout sur la créativité et sur une volonté constante d’amener musique, culture et ouverture sur le monde en tous lieux, même les plus à l’écart. Mais plus encore, loin de se fondre dans les tendances du moment, dans les courants musicaux dominants, s’appuyant sur des formations ou des artistes consacrés, ils ont pour point commun de suivre leur propre démarche. » D’après Jean Claude Pennec, journaliste à Jazz in Lyon
EDITION 2023, la 5° !
Pour nous l’organisation d’un festival est avant tout une histoire humaine, une histoire de rencontres, d’échanges et d’émotions partagées. A une époque plus que troublée et face à une industrie culturelle écrasant tout ce qui ne lui ressemble pas sur son passage, ces moments suspendus d’une grande convivialité prennent toute leur valeur et nous sommes fiers de pouvoir les proposer à Trois Palis.
En 2023 « Jazz(s) à Trois Palis » a été au delà de ses prévisions en matière de fréquentation et de recettes de billetterie.
La soirée SOIRS BLEUS incluse dans le festival mais portée par la mairie de Trois Palis et en majeure partie financée par GrandAngoulême reste très importante pour l’ensemble du festival car sa gratuité et la promotion qui en est faite nous amènent un public plus nombreux et diversifié. Beaucoup découvrent par ce biais des musiques haut de gamme très peu médiatisées dont ils ne soupçonnaient pas l’existence, et certains n’hésitent pas à prendre des billets pour les autres jours. Le succès d‘IMPERIAL 4tet avec son répertoire « All indians ? » devant une salle bondée aura ainsi largement contribué à la réussite de la suite de cette édition.
La ballade commentée organisée par Pays d’art et d’histoire avant ce « soir bleu » contribue également à cette ouverture vers de nouveaux publics, en plus de faire découvrir une partie de la commune (Ballade de l’église au foyer communal en passant par les bords de Charente). Ce partenariat s’inscrit dans le cadre des Journées du Patrimoine, ce qui a été une volonté de notre part dès le début afin de mettre en relation patrimoine et création d’aujourd’hui.
Les concerts gratuits à l’église sont devenus une sorte de « marque de fabrique » du festival et sont toujours très attendus de par le fait qu’il s’agisse de solistes de haute volée jouant sans aucune sonorisation, l’acoustique de cette église se prêtant parfaitement à l’exercice pour un certain nombre d’instruments.
Nous en voulons pour preuve les trois soirées consacrées aux « suites pour violoncelle seul » de J.S Bach organisées par l’association « L’AFFICHE » au mois d’août dans cette même église qui accueillait le violoncelliste Vincent Courtois, désireux de revenir tester en public ces suites dans cette église dont l’acoustique l’avait tellement séduite.
Se sont produits en solo pendant le festival: Joachim FLORENT (contrebasse) – Morgane CARNET (saxophones) – Daniel ERDMANN
Les concerts du samedi soir et du dimanche en fin d’après midi au foyer communal ont également fait recette, même si l’on note toujours une petite baisse de fréquentation le dimanche par rapport aux autres jours.
Samedi : La comédienne Anne ALVARO (voix) avec François CORNELOUP (sax) / le duo Céline BONACINA (sax, voix) – Laurent DEHORS (cla, sax, cornemuse)
Dimanche : Daniel ERDMANN (sax), Vincent COURTOIS (violoncelle), Robin FINCKER (saxs) – « Nothing Else »
Comme chaque année la moyenne de fréquentation se situe légèrement au dessus de la précédente.
On peut constater avec plaisir une présence plus importante d’habitants de la commune.
La présence de la fédération de labels indépendants LES ALLUMES DU JAZZ avec un stand de disques, revues et livres, permet au public de découvrir des musiques enregistrées peu diffusées tout en créant un pôle de convivialité, tout comme le le fait d’offrir une petite restauration et des boissons sur place.
Le bilan s’avère donc très positif pour une 5° édition, les retours du public, des médias, des artistes et des bénévoles étant plus qu’encourageants. Ce festival contribue en outre à donner une image positive et dynamique de notre commune au niveau régional, national et au delà.
Malgré tout l’équilibre reste précaire, organiser un festival privilégiant la qualité artistique et une juste rémunération des artistes avec peu de moyens financiers et techniques est toujours (et plus que jamais) un pari risqué. Les aides du département, de l’agglomération et de la mairie nous sont précieuses et les partenariats avec la fédération de labels indépendants « Les Allumés du Jazz » et avec Pays d’Art et d’Histoire, en plus de ceux avec certains médias en ligne, nous aident à la faisabilité de cet événement qui, en seulement quelques années semble avoir pris toute sa place dans le paysage culturel charentais et au delà.
Nous avions jusqu’à maintenant une aide de la SPEDIDAM mais celle ci exige maintenant un montant minimum de budget artistique équivalent à 2 à 3 fois le notre…. Là comme pour beaucoup de nos interlocuteurs (CNM, Région….) on constate une volonté manifeste d’exclure des aides les festivals (ou lieux de diffusion) avec des « petits » budgets, préférant défendre une certaine « industrie culturelle» (sic), sans tenir compte ni de la qualité artistique de nos propositions, ni de leur intérêt sur le plan du lien social. Seules les grosses structures ont encore droit aux aides de ces organismes. Heureusement certaines collectivités locales (mairies, départements, agglomérations) continuent à croire à cette notion de culture de proximité.
L’achat d’une estrade digne de ce nom, d’un rideau de fond de scène et, cette année, de deux projecteurs par la mairie, en plus de son soutien moral et financier, sont des éléments tout à fait importants dans la réussite de ce festival « pas tout à fait comme les autres ».
L’équipe de L’AFFICHE pour Jazz(s) à Trois Palis
https://www.jazzsatroispalis.com/
Joachim Florent – contrebasse